EDITO

par Dr Aurélia GAY, psychiatre-addictologue, cheffe de services des structures d’addictologie au CHU de St Etienne

Au-delà des différents soins ambulatoires et intra-hospitaliers proposés, la filière addictologique du CHU de Saint-Etienne a également une activité universitaire de recherche, souvent moins connue des partenaires du réseau et pourtant essentielle pour améliorer la prise en charge de nos patients.
En fonction des projets, cette recherche a pour objectif soit de mieux connaître les processus addictifs en œuvre chez eux, soit de valider et développer plus directement de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Historiquement, les équipes stéphanoises se sont particulièrement intéressées aux troubles du comportement alimentaire (TCA), puis plus largement à l’ensemble des addictions comportementales.
Depuis maintenant presque 10 ans, s’est associé à cette thématique un intérêt pour l’application des techniques de stimulation cérébrale non invasives (rTMS-stimulation magnétique transcranienne répétitive et tDCS -stimulation transcranienne à courant continu) dans le champ des addictions. Ces techniques essentiellement validées dans le traitement des troubles de l’humeur, font encore l’objet d’études pour diverses addictions.

Cette activité de recherche est menée au sein d’un laboratoire attaché à l’université Jean-Monnet : TAPE (Troubles du comportement alimentaire, Addictions et Poids Extrêmes), associant endocrinologues, radiologues et psychiatres. Elle s’inscrit souvent dans une dynamique de collaboration régionale au sein de la région Auvergne Rhône-Alpes.

Nous vous proposons ainsi dans cette lettre d’Avril de vous présenter les projets de recherche en addictologie locaux en cours ou proches de débuter.

N’hésitez pas à nous adresser des patients !

2 Projets impliquant la stimulation électrique transcrânienne à courant continu (tDCS) :

La tDCS (stimulation électrique transcrânienne à courant continu) est une technique de stimulation cérébrale non invasive, non douloureuse, qui modifie l’excitabilité cérébrale à l’aide d’un faible champ électrique induit par l’intermédiaire de deux électrodes, dans des zones cibles choisies en fonction du trouble sous-jacent. Elle a montré son efficacité dans des pathologies telles que la dépression ou la schizophrénie.

Cette technique est étudiée dans le champ des addictions dans deux protocoles de recherche actuellement à Saint-Etienne, financés par deux programmes hospitaliers de recherche clinique inter-régionaux. Ils sont portés par le CHU de Saint-Etienne avec la participation d’autres centres de la région Auvergne Rhône-Alpes.

EVASTRAM : Étude évaluant l’effet de la tDCS dans l’anorexie mentale résistante à la prise en charge conventionnelle.

Environ 20% des cas d’anorexie mentale ne répondent pas aux stratégies de prise en charge conventionnelles (thérapie comportementale cognitive, contrat de poids, traitements médicamenteux, etc…), qu’elles soient appliquées en ambulatoire ou lors d’hospitalisations de très longue durée. Ces situations d’évolution chronique se caractérisent par un taux élevé de mortalité. La stimulation cérébrale peut constituer pour ces patients une solution thérapeutique alternative.

Ainsi, les objectifs de l’étude sont d’évaluer l’efficacité de la tDCS dans l’anorexie mentale résistante aux traitements conventionnels sur la prise de poids, le comportement alimentaire (prise alimentaire, sensation de faim et de satiété, régulation de l’appétit), des échelles psychologiques et de comportement alimentaire, la cognition et certaines données en imagerie cérébrale (connectivité et activité cérébrale étudiées par IRM).

L’étude compare l’efficacité de 20 séances de tDCS actives versus 20 séances de tDCS placebo chez 80 patientes (40 patientes inclues dans chaque bras : actif et placebo) souffrant d’une anorexie mentale resistante à la prise en charge conventionnelle. Les patientes recoivent une séance par jour, sur une durée de 4 semaines. L’effet est évalué après la fin des séances et à un mois.

En cas de résultats favorables, un espoir pourrait s’ouvrir pour ces patientes, actuellement en impasse thérapeutique complète.

Le recrutement est en cours. Le CHU de Saint-Etienne porte ce projet qui se déploie également à Lyon, Clermont-Ferrand et Grenoble.

Pour plus de renseignement : aurelia.gay@chu-st-etienne.fr

CANNAPSY-STIM : étude évaluant l’effet de la stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS) sur le trouble de l’usage de cannabis chez des patients schizophrènes 

L’addiction au cannabis est fréquente chez les patients souffrant de schizophrénie. Elle est associée à une majoration de certains symptômes, à une moins bonne observance des traitements et globalement un moins bon pronostic. L’efficacité des prises en charge validées reste très limitée. Il apparaît donc nécessaire de développer de nouvelles stratégies de prise en charge. La tDCS a déjà montré des effets bénéfiques dans les addictions, dans la schizophrénie et dans une moindre mesure sur l’addiction à la nicotine chez des patients schizophrènes, mais n’a jamais été testée chez des patients dépendant au cannabis dans cette population.

Les objectifs de cette étude sont d’évaluer l’effet de 10 séances de tDCS (2 séances par jour sur 5 jours) sur l’addiction au cannabis (consommation, craving et sévérité de l’addiction), la consommation de tabac, les symptômes de la schizophrénie, le nombre d’hospitalisation(s) et plus largement la qualité de vie et le fonctionnement des patients. Afin de mieux comprendre les mécanismes sous-tendant l’effet de la tDCS, certaines fonctions cognitives et les modifications cérébrales associées (connectivité et activité) seront étudiées. Les effets seront évalués après les séances, à 3 et 6 mois. 110 sujets seront inclus, 55 recevant la tDCS active et 55 celle placebo.

En cas de résultats favorables, la tDCS offrirait de nouvelles perspectives thérapeutiques chez ces sujets, parfois en véritable situation d’impasse thérapeutique. La simplicité d’utilisation du dispositif et son relatif faible coût permettraient d’en envisager une diffusion large.

L’étude va très prochainement démarrer. Le CHU de Saint-Etienne porte ce projet qui se déploie également à Lyon, Clermont-Ferrand, Grenoble et Dijon.

Pour plus de renseignement : aurelia.gay@chu-st-etienne.fr

ReVBED : Validation d’un programme thérapeutique de gestion du craving alimentaire en réalité virtuelle chez des patientes atteintes de boulimie et Binge Eating Disorder (BED)

ReVBED est un projet de recherche construit en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Saint-Etienne (ENISE). Le but de ce projet est de proposer une nouvelle thérapie de gestion du craving alimentaire aux patientes atteintes de boulimie et Binge Eating Disorder (BED). 

Cette nouvelle thérapie s’appuierait sur la réalité virtuelle (RV), augmentée d’un biofeedback.

La RV permet de dépasser les limites rencontrées actuellement par les Thérapies Cognitives et Comportementale classiques en offrant des possibilités d’exposition complexes collant au plus près de la réalité des patients. Le biofeedback correspond à l’enregistrement d’un paramètre physiologique et sa restitution en direct au patient sous forme visuelle ou auditive. La fréquence cardiaque est l’exemple le plus couramment étudié (« cohérence cardiaque »). L’association de ces deux techniques en une thérapie intégrative plus efficace à court et à long terme est le but de ce projet.

La première étape vers cet objectif est la validation de l’efficacité de notre environnement virtuel à induire un craving alimentaire, en suivant un scénario d’exposition précis à différents stimuli (visuels, sonores, alimentaires, émotionnels, etc.). Il s’agit donc de faire expérimenter, au cours d’une unique visite par participante, l’exploration de notre environnement virtuel en comparant les réponses d’un groupe de patientes atteintes de boulimie et BED à celles d’un groupe témoin sans trouble du comportement alimentaire. Les données recueillies seront autant le craving ressenti que certains paramètres physiologiques (fréquence cardiaque et diamètre pupillaire) enregistrés pendant l’exposition. Ils serviront à identifier le ou les meilleurs marqueurs susceptibles d’être efficaces à terme en biofeedback.

Le recrutement des patientes et témoins va très prochainement commencer.

Pour plus de renseignement : aurelia.gay@chu-st-etienne.fr

Dépistage du TDAH chez les patients pris en charge pour une addiction

 Le trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) est une comorbidité fréquente des troubles addictifs, estimée à 23,1%, mais qui reste sous-dépistée.
Ces patients présentent des troubles addictifs plus sévères et un moins bon pronostic.
Il apparaît donc important de mieux identifier cette population afin de pouvoir lui proposer une prise en charge adaptée.

De ce fait nous réalisons actuellement une étude visant au dépistage systématique du trouble de déficit de l’attention/hyperactivité chez les patients pris en charge dans les structures d’addictologie du CHU de Saint-Etienne pour un trouble addictif.
Cette étude a pour objectif de déterminer la prévalence du TDAH chez ces patients mais aussi d’évaluer si cette population TDAH + addiction présente certaines caractéristiques cliniques qui nous permettraient de les repérer plus facilement et mieux les prendre en charge.

Pour plus de renseignement : aurelia.gay@chu-st-etienne.fr

INFOS LOIRÉADD’

Pour s’adapter aux conditions sanitaires, les Rencontres Thématiques 2 et 3 seront donc des Rencontres Visio-Thématiques, rendez-vous à 18h30 précise en ligne, via Microsoft Teams !

Pensez à vous inscrire préalablement pour recevoir le lien de connexion

Nouveaux horaires 2021
18h30 – 20h30

Rencontre Visio-Thématique N°2

“Addictions et troubles de l’hyperactivité chez l’adulte” 

Animée par le Dr Aurélie BERGER VERGIAT en co-animation avec le Dr Emilie ORFEUVRE, Psychiatres-addictologues – Hôpital Edouard Herriot – Croix Rousse Lyon

Jeudi 29 Avril 2021
18h30 en visioconférence via Teams
Inscrivez-vous dès maintenant !

le lien de connexion sera envoyé exclusivement aux inscrits

Pour préparer vos échanges : Échelle d’autoévaluation du trouble déficitaire de l’attention avec/sans hyperactivité chez l’adulte

Rencontre Visio-Thématique N°3

“Addictions et substances psychoactives psychédéliques”  

• Généralités pharmacologiques sur la classe des psychédéliques
• Exposé des recherches passées et contemporaines sur ces substances dans le traitement des addictions

Animée par Mr Vincent VERROUST
Centre Alexandre-Koyré (CNRS – EHESS – MNHN) chercheur associé à l’Institut des humanités en médecine (Centre hospitalier Universitaire vaudois, Lausanne) consultant pour les thérapies psychédéliques à l’Hôpital Paul Brousse-Villejuif (Unité de recherche PSYCOMADD)

Jeudi 27 Mai 2021 – 18h30

en visioconférence via Teams
Inscrivez-vous dès maintenant !

le lien de connexion sera envoyé exclusivement aux inscrits

Retrouvez ICI tout le programme des Rencontres Thématiques 2021

 Les séances des Lundis de Loiréadd’ se déroulent en version digitalisée et ouvrent si le nombre d’inscrits est suffisant :

LUNDI 26 AVRIL séance de Tabacologie validée,

Inscrivez-vous !

Pensez à proposer cet accompagnement également à vos patients, le seul pré-requis est qu’ils soient majeurs.

Inscrivez-vous gratuitement en ligne

Séance gratuite mais inscription obligatoire avec une adresse mail valide pour recevoir le lien de connexion.

VOTRE TRIBUNE LIBRE… 

Avis aux rédacteurs, c’est espace est à vous !

envoyez-nous vos contributions le 15 de chaque mois pour une parution dans la newsletter du mois par mail en format word/pages à loireadd.coordination@orange.fr

INFOS PARTENAIRES

Ségur de la santé : 12,7 millions € en plus pour le secteur médicosocial addictions

Le confinement du printemps dernier a mis en lumière de manière aigüe les inégalités sociales et territoriales de santé et d’accès aux soins.

Pour y répondre, le ministère de la santé a inclus une mesure dédiée à la résorption de ces inégalités dans le plan du Ségur de la Santé, pour encadrer et prioriser les actions à renforcer sur les années qui arrivent y compris à partir des innovations mises en place durant la crise.

Il s’agit de la mesure 27 du Ségur. Retrouver en ligne l’ensemble de ce qu’elle prévoit pour tous les dispositifs concernés.

Un renfort de moyens pour les CSAPA et les CAARUD

A partir du second semestre 2021, cette mesure prévoit une meilleure prise en charge des publics confrontés aux addictions grâce à des structures CSAPA CAARUD modernisées à hauteur de 12,7 millions € au niveau national.

Nous sommes en lien avec les pouvoirs publics pour connaître les modalités de versement de cette nouvelle enveloppe.

Les priorités de cette enveloppe incluent :

• Moderniser l’équipement des CSAPA et CAARUD pour permettre le recours aux téléconsultations/télésoins, et la mise en place d’un système d’information adapté aux enjeux actuels (fluidité des parcours, recueil des données d’activité, partage d’information sécurisée…).
• Renforcer les capacités d’action des CSAPA-CAARUD pour renforcer leur capacité d’aller vers et leur participation aux équipes mobiles pluridisciplinaires et leur capacité à soutenir la montée en compétence en addictologie/RDRD des autres secteurs sociaux/médico-sociaux
• Favoriser l’attractivité des structures et le développement de cultures professionnelles partagées : postes partagés hôpital/médico-sociaux, terrains de stages
• expérimenter des postes d’infirmière de pratiques avancées en addictologie

Calendrier : Cette dépense devrait être organisé pour le secteur médicosocial principalement via la circulaire de mesures nouvelles qui devrait être renforcée sur ces axes dès le mois de Juillet 2021.

Pour anticiper, les Unions Régionales s’organisent !

Afin d’anticiper cette enveloppe et en l’attente des modalités pratiques de ces nouveaux moyens, les unions régionales s’organisent pour mettre en lien les adhérents, préparer les opportunités de pérennisation des dispositifs innovants mis en place durant la crise, et demander aux ARS d’échanger sur cette mesure.

En tant qu’adhérent, vous êtes donc invités à vous rapprocher de vos délégués régionaux ou déléguées régionales pour anticiper.

Retrouvez toutes les informations relatives à cette mesure dans la présentation ci-dessous :

Calendrier mis à jour le 12/4/2021, sous réserve de modifications

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Pour plus de simplicité vous pouvez régler les 10 € de l’adhésion annuelle directement en ligne via Helloasso sur www.loireadd.org
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