Newsletter Loiréadd’ N° 133 – Février 2020

ÉDITO

Dr Alexandra Boucher, Docteur en Pharmacie
au CEIP-Addictovigilance de Lyon

(Centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance)

Dernière-née des vigilances sanitaires en lien avec le médicament, l’Addictovigilance déborde largement de ce seul champ pour s’intéresser aux problématiques en lien avec toute autre substance psychoactive, à l’exclusion de l’alcool et du tabac. On peut citer comme exemples – en région comme au niveau national – l’émergence du détournement de la prégabaline, le mésusage du tramadol, l’apparition des nouvelles drogues de synthèse (cathinones, fentanyloïdes, cannabinoïdes…), le déclin du chlorhydrate de cocaïne au profit de la forme basée ou encore les neuropathies dues à l’abus de protoxyde d’azote : autant de situations variées auxquelles vous avez peut-être déjà été confrontés.

Caractériser de tels signaux d’abus, de dépendance, de détournement d’usage et les risques sanitaires qui en découlent, en vue de réponses adaptées tant au niveau individuel que collectif, est une mission de santé publique essentielle. Elle repose notamment sur le partage d’informations entre les CEIP-Addictovigilance et les acteurs de terrain. Ces échanges, pour être fructueux et durables, doivent s’établir dans les deux sens : nous collectons et analysons – grâce aux outils décrits dans cette Newsletter – vos signalements et vous pouvez nous solliciter pour tout questionnement relatif à l’abus et la dépendance.

Si le Bulletin de l’Association Française des CEIP-Addictovigilance est une première ressource à votre disposition, nous souhaitons également développer la diffusion de l’information au niveau territorial ligérien et rhodanien : Parution de notre « Addict’O’News », organisation d’une 2ème « Matinée d’Addictovigilance » à l’automne prochain, tels sont nos objectifs pour cette année 2020. Mais avant ces échéances, je vous propose de nous retrouver dès ce printemps à l’occasion de la Rencontre Thématique autour du cannabis et de ses complications somatiques, organisée à Saint Etienne par l’association LOIREADD ; que cette dernière en soit remerciée.

PRÉSENTATION CEIP-Addictovigilance

Addictovigilance Lyon

Officialisé par décret en 1999, le réseau français d’Addictovigilance fut créé en 1990 afin de répondre aux recommandations de l’OMS et de l’ONU relatives à l’évaluation, la surveillance et l’information sur le potentiel d’abus des substances psychoactives.

Définie depuis par le Code de la Santé Publique (art L5133-1), l’Addictovigilance consiste en la détection, la collecte, l’analyse et la caractérisation de tout signal relatif à l’abus, la dépendance ou encore au détournement de médicaments mais aussi à l’usage de substances psychoactives non médicamenteuses (en dehors de l’alcool éthylique et du tabac), qu’elles soient illicites ou non.

Implantés au sein de Centres Hospitaliers Universitaires, les 13 CEIP-Addictovigilance reposent sur des équipes pluridisciplinaires compétentes en pharmacologie, toxicologie, addictologie ou encore épidémiologie. Le CEIP-Addictovigilance de Lyon, compétent pour les départements de la Loire et du Rhône, est l’une des Unités Fonctionnelles qui composent le Service Hospitalo-Universitaire de Pharmaco-Toxicologie des Hospices Civils de Lyon.

Service Hospitalo-Universitaire de Pharmaco-Toxicologie

Cette structuration unique dans l’Hexagone permet des échanges étroits et un enrichissement mutuel des Unités Fonctionnelles constituant le Service. Composée de 2 pharmaciens et d’un médecin, l’équipe du CEIP-Addictovigilance peut également s’appuyer sur une documentaliste et une secrétaire médicale.

Les CEIP-Addictovigilance travaillent en lien avec les ARS (Réseau Régional de Vigilances et d’Appui, avec les CRPV et le CAP) au niveau régional et avec l’ANSM (Comité Scientifique Permanent « Psychotropes, stupéfiants et addictions ») au niveau national, auxquelles ils apportent leur expertise. Les interactions permanentes entre les différents CEIP-Addictovigilance d’une part et les autorités sanitaires d’autre part permettent de vérifier l’extension au niveau national d’une problématique identifiée au niveau régional ou même local.

Outils épidémiologiques d’Addictovigilance

Le réseau d’Addictovigilance constitue donc un système unique et original qui repose sur des sources d’information complémentaires. En premier lieu la notification spontanée des cas d’abus/dépendance : elle a un rôle d’alerte indéniable et permet une description des usages et des effets indésirables, connus ou nouveaux, liés aux substances psychoactives, classiques ou émergentes, consommées dans notre région et plus globalement en France. Elle est cependant complétée par plusieurs outils épidémiologiques spécifiques en lien avec divers partenaires, que chaque CEIP-Addictovigilance sollicite et anime sur son territoire de compétence. Cette diversité des sources d’information nous aide à avoir une vision la plus exhaustive possible de la problématique à investiguer.

Au final, c’est tout un réseau de correspondants et d’acteurs de terrain qui participe à la remontée d’information, dans le respect des patients ou usagers concernés. Médecins, pharmaciens, usagers, infirmiers, éducateurs, correspondant local OFDT, autorités sanitaires, Justice, douanes, etc. tous concourent au bon fonctionnement de la veille sanitaire en matière de conduites addictives.
L’ensemble des données collectées et analysées par les CEIP-Addictovigilance contribue ainsi à la prise de mesures de minimisation du risque pour la santé publique (mesures réglementaires, recommandations galéniques, retrait de marché…) et de mesures d’information à destination des professionnels de santé et des usagers.

L’addictovigilance en bref

Surveillance des cas d’abus et de dépendance liés à la prise de toute substance psychoactive (sauf alcool éthylique et tabac) qu’elle soit médicamenteuse ou non

Pour quelles situations ?

  • médicaments détournés de leur indication et consommés de façon abusive ou addictive
  • substance ou produit abusé à visée psychoactive, nouvelles drogues apparues récemment sur le marché
  • complications somatiques ou psychiatriques graves ou jusque-là méconnues
  • plus largement toute situation qui interpelle le déclarant (en termes de pratiques, d’effets recherchés, de profils d’usagers…)

Les travaux des CEIP-Addictovigilance permettent ainsi :

  • le suivi spécifique de médicaments et de substances psychoactives, qu’elles soient illicites ou non,
  • de surveiller la persistance d’une problématique en dépit de premières mesures de minimisation du risque,
  • d’alerter en cas d’identification de nouveaux produits consommés, de nouvelles pratiques ou de complications inhabituelles.
  • d’informer les professionnels de santé et public sur les risques liés aux substances psychoactives
N’hésitez pas à faire appel à nous – Soyons tous addictovigilants !

Un cas vous interpelle ? Une question ?
Vous pouvez joindre le CEIP-Addictovigilance de Lyon

Courriel : ceip.addictovigilance@chu-lyon.fr
Téléphone : 04 72 11 69 97 – Télécopie : 04 72 11 69 85
Horaires : 9h à 18h

Adresse postale : CEIP-Addictovigilance, 162 A avenue Lacassagne
69424 LYON cedex 03

L’équipe du CEIP-Addictovigilance de Lyon

Lexique :

  • ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé
  • ARS : Agence Régionale de Santé
  • ASOS : Antalgiques Stupéfiants et Ordonnances Sécurisées
  • CAARUD : Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues
  • CAP : Centre AntiPoison
  • CEIP-Addictovigilance : Centre d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance – Addictovigilance
  • CRPV : Centre Régional de Pharmacovigilance
  • CSAPA : Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie
  • DRAMES : Décès en Relation avec l’Abus de Médicaments Et de Substances
  • DTA : Décès Toxiques par Antalgiques
  • ELSA : Equipe de Liaison et de Soins en Addictologie
  • OMS : Organisation mondiale de la santé
  • ONU : Organisation des Nations Unies
  • OPEMA : Observation des Pharmacodépendances En Médecine Ambulatoire
  • OPPIDUM : Observation des Produits Psychotropes Illicites ou Détournés de leur Utilisation Médicamenteuse
  • OSIAP : Ordonnances Suspectes Indicateurs d’Abus Possible
  • UCSA : Unité de Consultation et de Soins Ambulatoires

RENCONTRES THÉMATIQUES

Le programme 2020 est désormais disponible ! téléchargez-le : https://loireadd.org/reseau/les-rencontres-thematiques/

Et surtout inscrivez-vous !!!

1er rendez-vous de l’année dès le 19 Mars 2020 pour parler des « Nouvelles » conséquences somatiques d’une consommation chronique de cannabis… 
https://loireadd.org/evenement/rencontre-thematique-n1-les-nouvelles-consequences-somatiques-dune-consommation-chronique-de-cannabis/

Si vous souhaitez intervenir/témoigner de votre pratique professionnelle sur un ou plusieurs des thèmes proposés, n’hésitez pas à nous contacter.

Un avant-goût du contenu de notre Rencontre Thématique N°6 du 15 Octobre 2020 intitulée : « Cannabis, Cannabis Thérapeutique et Cannabidiol… le grand flou ? »

Formation RPIB


Il ne reste que 50% des 15 places disponibles pour la formation programmée le 10 Mars 2020 donc si vous êtes intéressé(e) ne tardez pas à vous inscrire !

Infos Partenaires

COLLOQUE « ADDICTOLOGIE 360 »

14e CONGRÈS DE L’ADDICTOLOGIE DE L’ALBATROS

14e congrès de l’addictologie de l’Albatros

ANSM – POINT D’INFORMATION SUR LE TRAMADOL

TRAMADOL : une mesure pour limiter le mésusage en France – Point d’information – 16/01/2020

Sur proposition du directeur général de l’ANSM, la durée maximale de prescription des médicaments antalgiques contenant du tramadol (voie orale) est réduite de 12 mois à 3 mois, pour limiter leur mésusage ainsi que les risques de dépendance. Elle sera applicable à compter du 15 avril 2020. Au-delà de 3 mois, la poursuite d’un traitement par tramadol (voie orale) nécessitera une nouvelle ordonnance.

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La lettre du réseau LOIREADD’ présente une ou plusieurs structure(s) du département, informe sur l’agenda des addictions, offre une tribune libre aux membres du réseau et crée du lien entre tous les acteurs de la prise en charge des patients présentant des troubles addictifs.

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